Une zone géographique est qualifiée de hotspot de diversité mondiale quand elle possède premièrement un nombre impressionnant d'espèces de vertébrés concentrés sur une très faible surface, et deuxièmement parce que le statut de ces espèces est en général menacé, vulnérable ou en danger ou que celle-ci sont localisés ou endémiques (c'est à dire qu'elles ne se trouve nulle part ailleurs dans le monde). Heureusement la forêt d'Iwokrama ne répond qu'à la première condition car sa biodiversité est encore relativement intacte. Dans tous les cas ce genre d'infos a de quoi motiver à bloque un petit naturaliste français qui n'a jamais vu de Toucan en liberté! C'est partie pour un tour non exhaustif des créatures que cache cette forêt...

Si il y a un groupe de vertébrés qui fait la réputation d'Iwokrama dans la communauté naturaliste c'est bien le groupe des chiroptères. Cette forêt possède tout simplement la plus grande richesse spécifique de chauve-souris au monde à l'intérieur d'un unique massif forestier (soit un total "hallucinant" de 86 espèces). Mais ce n'est pas tout car Iwokrama bas le même record au niveau de la diversité des poissons d'eau douce qui culmine à environs 430 espèces, dû à une forte abondance de ruisseaux provenant de différents bassins versants et à plus de 200 lacs dispersés dans la réserve. La diversité ornithologique n'est pas en reste avec plus de 600 espèces d'oiseaux ainsi que 183 espèces de mammifères dont le mythique Jaguar (Panthera onca) qui est régulièrement vu durant les suivis de terrain ou grâce aux pièges photographiques. Enfin les reptiles et amphibiens totalisent 150 espèces dont l'Anaconda vert (Eunectes murinus) qui n'est jamais très loin des cours d'eau.
Les ornithologues pourront y admirer une diversité d'oiseaux frugivores plus importante que dans la plupart des autres blocs forestiers tropicaux, en particulier concernant les Cracidae (Hoccos, Pénéloppes,...), Cotingidae (Cotingas) et Psittacidae (Perroquets, Perruches...). Le matin est la fin d'après-midi sont les meilleures périodes pour observer les oiseaux depuis les ponts suspendus de la Canopy Walkway, à l'heure ou ils se rassemblent en dortoirs.


Cependant les voyageurs confondent souvent diversité avec abondance. En forêt tropicale les niches écologiques sont tellement diversifiés qu'il est obligatoire pour un organisme d'être spécialisé. Cette spécialisation est possible grâce à un environnement très stable, qui ne subit pas de variation climatique saisonnière (la saison humide et la sèche sont en réalité humide toutes les deux même si il pleut plus pendant la première). Il ne peut donc pas y avoir d'espèce dominante car l'adaptation à une grande diversité de niches est trop coûteuses. Si le voyageur s'attend à découvrir des troupeaux de tapirs ou des vols de colibris il risque d'être déçu. Francis Hallé, éminent botaniste de Montpellier explique en effet que "la biologie de la forêt tropical est une biologie d'espèces rares".

Les Guyanais sont fiers de la faune de leur forêt et en particulier des géants de l'Eldorado comme ils les appellent : Harpie féroce (un aigle forestier très puissant), Jaguar, Fourmillier géant, Arapaima (le plus gros poisson d'eau douce au monde), Anaconda vert, Caïman noir, Loutre géante et le meilleur pour la fin : le Maître de la brousse (une vipère géante du genre Lachesis), très respecté chez les Macushis...et qui me fait un peu flipper mais bon.


Toute cette faune donne à la forêt d'Iwokrama une très forte valeurs conservative, sans compter les différents sites de valeurs culturelle, archéologique et historique. Il est donc primordial que des chercheurs engagés dans des organisations comme Opération Wallacea réalisent des suivis et récoltes de données sur le long terme pour mieux connaître, protéger et valoriser cette espace naturel unique, maintenant classé au patrimoine mondial de l'Unesco.